On observe aujourd’hui un changement majeur dans la dynamique des investissements énergétiques : les technologies bas carbone sont désormais perçues comme nettement plus rentables que les investissements dans les énergies fossiles traditionnelles. Ce constat, partagé par un nombre croissant d’experts internationaux, concerne aussi bien le nucléaire que les différentes formes d’énergies renouvelables.
Cette conclusion est notamment mise en avant par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et l’OCDE, qui se sont penchées sur les coûts actualisés de l’énergie, aussi appelés LCOE (Levelized Cost of Energy). Le LCOE est un indicateur clé : il permet de comparer objectivement le coût de production d’une source d’énergie sur toute sa durée de vie, en prenant en compte les investissements initiaux, les coûts d’exploitation, la maintenance, le carburant éventuel et la durée d’amortissement. Autrement dit, il permet de déterminer quelles technologies sont réellement compétitives sur le long terme.
Dans leur étude conjointe, publiée tous les cinq ans, l’AIE et l’OCDE montrent que les coûts associés aux technologies bas carbone ont fortement diminué ces dernières années, tandis que ceux liés aux combustibles fossiles restent élevés, volatils et, dans certains cas, tendent à augmenter en raison des contraintes réglementaires, environnementales et géopolitiques. Cette évolution réduit considérablement l’attractivité des investissements dans le pétrole, le gaz ou le charbon, au profit d’une transition accélérée vers les solutions décarbonées.
Le nucléaire se distingue particulièrement dans ce rapport. Il y apparaît comme l’une des sources d’énergie les plus compétitives, notamment lorsqu’il s’agit de prolonger la durée de vie des centrales existantes. Le prolongement des réacteurs, souvent appelé “grand carénage” en France, permet en effet de produire une électricité bas carbone à un coût très faible comparé à la construction de nouvelles infrastructures, qu’elles soient fossiles ou renouvelables. Pour cette raison, les experts de l’AIE et de l’OCDE recommandent fortement de maintenir et d’optimiser le parc nucléaire existant, estimant qu’il constitue un atout stratégique pour assurer la sécurité énergétique tout en respectant les engagements climatiques.
Parallèlement, les énergies renouvelables bénéficient également d’une amélioration spectaculaire de leurs performances économiques. Les progrès technologiques, la baisse du prix des équipements, les économies d’échelle et l’essor des filières industrielles ont considérablement réduit les coûts du solaire, de l’éolien et de l’hydroélectricité. Ces technologies sont désormais compétitives, voire moins chères que les énergies fossiles dans de nombreux pays, même sans subventions.
En somme, l’étude de l’AIE et de l’OCDE vient confirmer une tendance de fond : la transition énergétique n’est plus seulement une nécessité écologique, elle est aussi un choix économiquement rationnel. Investir dans les technologies bas carbone – qu’il s’agisse du nucléaire ou des renouvelables – apparaît aujourd’hui comme la voie la plus rentable, la plus stable et la plus fiable pour préparer l’avenir énergétique mondial.
Les énergies renouvelables : de plus en plus compétitives
L’étude des deux organismes a été menée grâce à l’analyse de 243 projets de centrales de production électrique, dans 24 pays. Elle s’intéresse notamment aux coûts de production de chaque source d’énergie. Elle prend en considération les combustibles fossiles, le nucléaire, et les renouvelables. Parmi les énergies renouvelables, elle a considéré l’éolien, le solaire, les biocarburants et l’hydroélectricité.
Une tendance très positive, dans l’optique de la lutte contre les énergies renouvelables, se dégage. En effet, les énergies productives qui émettent de faibles émissions de carbone sont de plus en plus compétitives. On note une très forte baisse pour l’éolien et le solaire. Deux énergies désormais capables de concurrencer les éternels combustibles fossiles. Si les calculs sont bons, les énergies renouvelables devraient devenir la première source d’électricité dès 2025. Elles passeraient donc devant le charbon, selon l’AIE. D’après elle également, le solaire, l’hydroélectricité et l’éolien sont appelés à constituer « 90 % de l’augmentation de la capacité énergétique mondiale ». Et ce, grâce à des projets chinois et américains très importants.
Le nucléaire : source d’énergie la plus rentable
La réduction des coûts liés aux retours d’expériences tirés de projets de réacteurs de troisième génération, comme les EPR, aura un impact financier. En effet, le rapport prévoit une baisse des coûts de l’électricité produite par les centrales nucléaires très bientôt grâce à cela. En revanche, les plus fortes perspectives de rentabilité ne sont pas là. Elles se dessinent dans le cadre de la prolongation de la durée d’exploitation des centrales. C’est déjà ce qu’avait déjà affirmé, l’Agence Internationale de l’Énergie il y a 2 ans. L’association européenne des acteurs du nucléaire FORATOM se réjouit. Effectivement, « l’AIE confirme que l’exploitation à long-terme des centrales nucléaires reste la source d’électricité la moins chère à tous les niveaux ».
C’est également un choix plébiscité par les États-Unis qui a acté l’exploitation de 88 réacteurs jusqu’à 60 ans et de 4 réacteurs jusqu’à 80 ans. La France a opté pour une stratégie comparable, avec le grand carénage d’EDF. Ce projet devrait permettre de maintenir un coût de production compétitif à une échelle européenne. FORATOM considère que le rapport témoigne que « le nucléaire reste un partenaire viable dans la transition vers une économie bas-carbone ».
On remarque donc que, dans l’optique de contenir le réchauffement climatique, le nucléaire se manifeste, comme une source d’énergie incontournable, aux côtés des énergies renouvelables.